La bienheureuse insatisfaction

27 Janvier 2016

Si vous avez lu la précédente chronique vous allez vous dire que j'ai une obsession pour les contrastes! Vous avez bien raison! Je fais souvent le constat que la vie nous met face à des concepts opposés , à des extrêmes en sens inverse. Heureux et insatisfait??? Ces deux côtés de la médaille cohabitent en nous sans qu'on s'en rendre compte.

Ainsi, pour en venir au titre ci-haut, j'ai compris que mon «problème» de poids n'en est peut-être pas un mais plutôt un choix inconscient. Je me conforte dans ma vie de grosse toutoune. J'ai pris beaucoup de temps à comprendre ce fait. Ce qui m'a mis la puce à l'oreille c'est que j'ai lu à quelque part que tout ce poids en trop serait pour les personnes obèses, une sorte de protection.

Sur le coup je n'ai pas du tout compris en qui cela consistait??? Une barrière contre les coups, comme pour les sumo. Une barrière qui nous protège???des regards , certes pas!!! Dans ce monde de performances, les gros ce sont des personnes qui n'ont pas réussis, qui se négligent, qui manquent de volonté. On les regardent au gym, dans les bars, dans les autobus etc... et laissez moi vous dire que ce regard , ce n'est pas facile à voir. Ça fait mal, et souvent.

Alors pourquoi aimerions nous cet état??? En fait tout ceci est inconscient mais pour ma part j'ai compris ceci.

1- En étant grosse, je n'ai pas le défi de plaire. Je sais que je déplais alors je ne suis plus «esclave» du regard des autres. Je m'isole dans ma bulle ( ma grosse bulle) pis j'apprends à ne pas mériter l'attention des autres, à ne pas m'attendre à me faire dire t'es ben belle aujourd'hui. Je prends le contrôle , je provoque l'indifférence à mon image. Je ne fais plus partie du concours de beauté incessant que nous dictent les magazines et autres médias. Vos regards ne m'atteignent pas, je suis intouchable. Ma graisse me protège de votre verdict. De toute façon je le connais; je suis laide. Ouille, je sais c'est plein d'amertume mais voilà c'est pas facile à vivre.

2- Je crois avoir choisi d'être grosse ; Suite à une perte de poids importante quand j'étais dans la vingtaine, je me rappelle très bien avoir eu de nombreux commentaires du genre: «Té ben rendue belle», «Té ben belle, qu'est-ce que tu as fait pour réussir?» «TU as ben l'air bien, tu est toute belle». J'ai eu énormément d'attention pendant ces quelques mois pendant lesquels ma perte de poids a duré. De mes proches mais aussi dans les commerces, dans la rue etc... On dirait que tout à coup j'existais au yeux des autres. Et cela m'a écœurée au plus haut point, parce que en dedans de moi je crois que j'étais en grosse dépression, je me sentais toute noire en dedans et tout ce que les gens voyais c'était ma beauté extérieure. On m'aimait pour mon apparence. On se rendait pas du tout compte que j'étais triste et désespérée...Alors , inconsciemment bien sûr j'ai repris du poids parce que dans mes tripes, dans mes conviction de vie c'est chrissement chiant que l'image prime sur le contenu. NON de NON ce sera pas ça ma vie.... Maintenant, avec le recul, je me rends compte que je n'avais pas besoin de réagir en punissant mon corps pour cela. Il m'aurait fallut réaliser que c'est à moi que je voulais plaire et qu'en ayant un surpoids , j'allais , pendant de nombreuses années nuire à mon estime de moi.

3- Autre barrière bien déguisée ( l'image ci-haut) que j'ai eu à affronter: Je m'aime comme je suis, avec mes rondeurs. BULLSHIT et RE-BULLSHIT. Impossible de m'aimer comme ça. J'y crois pas , en fait j'y crois plus car pendant des années et quelques fois encore cette idée stupide me passe par la tête, je suis restée dans cette bienheureuse insatisfaction. Ce contraste de pensée ça ronge en dedans. On mange beaucoup, ça fait du bien mais on sait en même temps qu'on se fait du mal.

J'ai compris que je dois plutôt me dire:

j'accepte mes rondeurs, je suis rendue là, c'est ma réalité d'aujourd'hui. Je fais les gestes quotidiens qui m'amèneront tranquillement, à atteindre un poids santé, pour moi, pour me sentir bien .
J'aimerais ne plus susciter ces regards désagréables qui viennent avec un gros derrière,car, bien que je voudrais que ceux-ci ne m'atteignent pas, je suis plus réaliste et je sais que je vis en société donc je dois accepter que certaines interactions entres les humains me touchent. C'est normal, mais il n'en tient qu'à moi de faire en sorte que cela ne m'envahissent pas et que je ne me rende pas malheureuse pour cela.

Moral de tout ceci??? la perte de poids se joue belle et bien entre les deux oreilles. Comment arriver à détruire les barrières qui nous empêchent de progresser comme humain en quête de sérénité, comment ne pas vivre dans une illusion de bien-être?????? ayayaye!!! mille réponses possibles mais je vais commencer par:

Être à l'écoute de mes contrastes, et tenter de les nuancer.
Rechercher MA vérité en détruisant mes barrières.